her lecteur et quasi-mongolien, en courant acheter le livre de John Kennedy Toole, "La conjuration des imbéciles" (10/18), tu auras peut-être la chance de connaître le même révélation que moi.
Ce livre est unique, indescriptible, fourmillant d'idées et de trouvailles, de personnages tous plus justes et loufoques les uns que les autres.
L'auteur s'est suicidé en 1969 à 32 ans, et a reçu le Prix Pulitzer à titre posthume en 1980 pour ce roman. Il se considérait comme un écrivain raté. Et pourtant ...
Véritable Odyssée homérique, l'aventure du héros Ignatius J.Reilly est à la fois une fable rabelaisienne et une tragédie sociale. Il y a dans ce personnage central du Don Quichotte et du Gargantua, du Bouvard et Pécuchet et du Mangeclous. Fou ridicule et érudit génial, adolescent attardé et justicier velléitaire, suscitant tour à tour dégout et sympathie, pitié et hilarité, Ignatius Reilly traverse de nombreuses aventures - professionnelles notamment - qui constituent autant d'échecs. Il y croise une multitude de personnages pittoresques et fascinants, de sa mère alcoolique et désemparée, à son amour impossible qui veut faire la révolution par le sexe, en passant par des flics pitoyables déguisés comme au carnaval, un noir caustique et désabusé, les folles du Quartier français de la Nouvelle-Orléans ...
Au-delà de la farce et de l'épopée, la Conjuration des imbéciles est aussi un pamphlet contre notre siècle et le progrès, contre la petite-bourgeoisie caricaturale incarnée par le couple Lévy, une impitoyable dénonciation de la bêtise humaine. Cher lecteur et quasi-mongolien, fais-moi confiance et prépare toi à des moments de plaisir intense, mais gare à ton anneau pylorique ...